Le Mazet de mon grand-père 3/3

Suie et fin du très beau témoignage sur un des incontournables de notre garrigue nîmoise:  le mazet.

Voilà le Mazet des grands-parents, de ma mère et de ma tante avant de devenir celui de toute la famille et de leurs amis dans les année 30, 40 et 50

Personnellement j’ai d’extraordinaires souvenirs de vacances au Mazet à Noël, Pâques et Pentecôte avec mes frères ( nous habitions Béziers) et mes cousins germains ( qui habitaient Nîmes ), des réunions de famille ; des banquets plutôt, le souvenir de cousins .

Qui avaient un maset plus bas et qui devaient traverser le nôtre, nous prévenaient «  nous ne faisons que passer » mais invités à l’apéritif, passaient la journée avec nous et avaient à peine le temps d’ouvrir le leur !

Le soir munis de brocs et de seaux nous devions traverser leur maset vide pour aller chercher l’eau potable et très fraîche au puits en bas de la colline. C’était un rituel presque quotidien, assez fatigant, mais au retour les grands avaient droit au pastis et les petits à l’orgeat.

Souvenirs de Noël et de la messe de minuit à St-Vincent-de- Paul, l’église de la Gazelle ; en fait trois messes dont la dernière était très courte (cf : Alphonse Daudet), nous descendions la colline en procession avec des lampions chinois et remontions joyeusement au Mazet où le père noël était passé (« pépé qui gardait la maison »)

Souvenir du Vendredi Saint quand vers 15 heures, ma grand-mère, ma mère et ma tante lisaient la Passion au fond du Mazet sous les oliviers.

Souvenir des agapes familiales et de la sieste traditionnelle de pépé («  son pénéqué ») avant la partie de boules, généralement nous le voyions partir une couverture sous le bras s’installer dans l’ombre tamisée d’un olivier, c’était un moment sacré !

Souvenir des agrès, balançoire, cordes lisses et à nœuds permettant jeux et exploits sans fin

Souvenir des évolutions de monoplans, biplans, planeurs au- dessus de Courbessac, du meeting annuel et des incroyables voltiges de ces petits appareils.

Souvenir enfin de Mamy, notre grand-mère aux doigts verts, veillant jalousement sur ses rosiers, recueillant aussi, avec pépé, nos confidences et nos soucis d’enfant puis d’adolescent.

Ils vendirent le Mazet dans le milieu des années 1960, puis se retirèrent dans une maison de retraite de Nîmes tenue par des religieuses, une maison ouverte et chaleureuse .

Le Mazet manque à tous, pour moi son absence marqua la fin de ma jeunesse. Rien depuis n’a pu le remplacer.

Heureux Nîmes et ses masets, heureux nimois qui ont connu les joies d’un maset dans leur jeunesse.

Il existe toujours un comité de quartier de la Gazelle qui entre autres actions perpétue le souvenir des masets d’antan et l’esprit masetier.

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